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NEWS OF ZE DOCKS - Centre de DÉSINFORMATION - un glob de fausses bonnes nouvelles
4 mars 2011

Squats toujours entre deux expulsions - AFP

PARIS — Les squats artistiques, espaces vides hors-la-loi occupés pour y créer, sont de plus en plus souvent légalisés par les pouvoirs publics: une reconnaissance de fait de la culture alternative et de la création contemporaine qu'ils incarnent, sur le fil du rasoir.

Sur "25 squats" recensés à Paris et en région parisienne, qui concentre la moitié des quelque 45.000 artistes plasticiens vivant en France, une douzaine ont un statut légal grâce à des "conventions d'occupation", explique à l'AFP Delphine Terlizi, membre de l'Intersquat Paris, leur "fédération".

Sous l'égide du maire PS Bertrand Delanoë, la ville de Paris a investi 11 millions d'euros pour soutenir la création dans les squats, après avoir examiné les dossiers "au cas par cas". Parce qu'il est "nécessaire de laisser la nature en friche pour qu'apparaissent des plantes rares", dit Christophe Girard, adjoint PS à la culture, en charge du dossier.

Les visiteurs qui entrent au 59 Rivoli n'en croient souvent pas leurs yeux: sur quatre étages, peintres, sculpteurs et plasticiens sont à l'oeuvre six jours sur sept, dans des ateliers multicolores et protéiformes. Ruche artistique installée depuis 1999 dans un ancien bâtiment du Crédit Lyonnais, c'est aujourd'hui un lieu d'art contemporain prisé du grand public.

Une trentaine d'artistes, permanents et résidents (invités pour quelques mois) travaillent dans les 1.500 m2 rachetés par la Ville de Paris. Charge aux occupants d'en assurer la gestion et l'autofinancement, condition sine qua non du renouvellement du contrat.

"C'est un espace où les choses s'inventent au quotidien. Une autre manière d'accéder à l'art ni sacrée, comme dans les musées, ni marchande, comme dans les galeries", commente Gaspard Delanoë (non apparenté au maire de Paris), président de l'association 59 Rivoli et "historique" des squats.

Un résultat qui s'explique aussi parce que le monde des squats a changé en 20 ans: "du mélange paroxystique et anarchique des années 90 sont nés plusieurs collectifs, animés par le désir de vivre l'art autrement, prêts à dialoguer avec les institutions", explique Julien Caumer du "laboratoire de la création", premier squat conventionné en 2005, à l'ancien emplacement du consulat d'Andorre, dans le 1er arrondissement de Paris.

"On est passé du statut d'occupants sans droits ni titres, à celui d'occupants en contrat précaire et révocable. Mais les pouvoirs publics ont compris que les artistes du monde des squats étaient des acteurs incontournables de l'art contemporain", ajoute-t-il.

Pérennisée depuis un an dans un bâtiment du ministère des finances, la Petite Rockette accueille des artistes, mais aussi des personnes en grande précarité. Son projet repose sur deux axes: social, en partenariat avec notamment Médecins du Monde, et culturel. Il réunit artistes et résidents, riverains et professeurs.

"Il n'y a pas de règlement à proprement parler, mais les règles définies par tous sont respectées. Il n'y a pas de critères de sélection", explique à l'AFP Dimitri Callens, chargé de l'administration.

Un principe appliqué avec succès au 103 rue de Turenne, squat sauvage du Marais. Cet ancien magasin est occupé depuis fin octobre par une quinzaine d'artistes qui l'ont transformé en galerie d'art.

Mais selon la procédure désormais "classique", après un procès pour occupation illégale, ils sont menacés d'expulsion, explique Zeddazed, artiste-squatteur. "Il a été demandé au préfet de surseoir à sa décision en attendant l'examen du dossier", assure M. Girard.

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